• Le ciel est, par-dessus le toit...

    Le ciel est, par-dessus le toit,

                   Si bleu, si calme !

    Un arbre, par-dessus le toit,

                   Berce sa palme.

            

    La cloche, dans le ciel qu'on voit,

                   Doucement tinte.

    Un oiseau sur l'arbre qu'on voit

                   Chante sa plainte.

            

    Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,

                   Simple et tranquille.

    Cette paisible rumeur-là

                   Vient de la ville.

            

    --Qu'as-tu fait, ô toi que voilà

                   Pleurant sans cesse,

    Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,

                   De ta jeunesse ?

     

     

     

    Paul Verlaine  Sagesse   1881


    7 commentaires
  •                               A une passante

    La rue, lourde de reproches informulés...

    Une porte cochère, sombre et majestueuse, s'entrouvre...

    Grinçant telle la harpie qu'on égorge.

    Une femme belle, rousse à me fendre l'âme, danse, nue,

    Sa crinière ondoyant sous le vent de Novembre,

    Soulevant avec fracas les miettes de mon esprit dérangé.

    Tu me hantes!

    Tu oses revenir!

    Non; la raison m'abandonne;

    C'est une statue.

    Moi, laissé pour mort par la violence de l'ouragan,

    La douceur de ton souvenir, je perds tout contrôle.

    Un éclair... puis la nuit!

    Je supporte sans broncher

    Le regard des passants.

    Vais-je rester ici, te haïssant pour l'éternité?

    A tout jamais peut-être!

    J'ignore le froid, l'agonie du monde autour de nous.

    Ô toi, je te rejoins car me voilà de marbre.


    23 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique